vendredi 29 octobre 2010
Endurance trail 2010, Millau
Evacuons tout de suite l’ après UTMB 2010 : c’est vrai que la déception a été grande, cependant, la dépression toute relative qui s’en est suivie n’a pas été beaucoup plus grande qu’après une course achevée. La rentrée est arrivée là-dessus avec la reprise du rythme du travail. Guère de temps pour la mélancolie ! C’est pourtant sûrement à cause de ce relâchement que j’ai été victime d’une contracture récidiviste qui m’a privé des grosses séances préparatoires à l’Endurance trail nouvelle version.
Au départ, le transfert de la course vers Millau a été le déclencheur de mon inscription très précoce (janvier 2010) : l’envie d’aller fouler de nouveaux territoires.
Le 22 octobre, je me présente donc sur la ligne avec une certaine quiétude. Je me sens capable de venir à bout des 111 km, et souhaite avant tout faire une belle course, si possible en profiter…..
Catherine, Mathilde et moi sommes arrivés la veille en Aveyron. Nous avons élu domicile (comme d’habitude) à proximité de Nant, sur le plateau du Larzac, où nous avons nos habitudes depuis le temps que nous venons faire des séjours dans le coin, et pas seulement pour les Templiers !
C’est vrai que ça m’a fait me lever de bonne heure pour être au départ à 4h00 ce matin-là, mais quand on aime…… !
Outre le nouveau site, le millésime 2010 sera marqué par les températures extrêmement basses : il fait autour de 0°C ! je me suis abrité, en attendant le départ, au bar des Templiers, où on retrouve les aubergistes de Nant qui ont aussi fait le déplacement.
4h00 précise, après un rapide contrôle du sac, quelques interview de favoris, la musique et les fumigènes, ça part !
Un peu de bavardage sur le plat, pendant que nous sommes encore dans la ville, et passé le pont, la route s’élève, d’abord dans les habitations des faubourgs de Millau, puis dans les prairies. La nuit est claire, le ciel est limpide étoilé, et la lune est presque pleine. Les conditions sont idéales et le panorama nocturne de Millau et du viaduc est de toute beauté. Cette mise en jambe nous amène à l’extrémité du Causse noir dont nous contournons la pointe en balcon, tournant finalement le dos à Millau pour rentrer dans la vallée du Tarn. Peu à peu, je sens revenir une bonne circulation sanguine et la chaleur irradie les extrémités jusqu’alors sensibilisées par le froid. Le profil est vallonné mais doux jusqu’à ce qu’on attaque un bon raidard qui marque réellement le début des hostilités. Je m’étais fixé des limites « raisonnables » à ma fréquence cardiaque, mais vu l’enthousiasme autour de moi, je me laisse aller régulièrement 10 pulses au–dessus….
Nous surplombons les méandres de la rivière et une succession de villages. Malgré le froid ambiant, l’odeur des vaches est………très présente !!!! mine de rien, ça fait déjà plus de 2 heures que la balade a débuté. Nous entrons dans la première partie technique : un sentier monotrace qui nous redescend vers la vallée et le premier ravito, à la confluence de La Jonte et du Tarn.
Le Rozier
Après une traversée d’un joli village, manifestement escarpé, nous rentrons dans une petite salle qui grouille déjà de coureurs, suiveurs et bénévoles. Je ne sais pas quoi faire de mes lunettes : merci la buée !
Je ressors rapidement pour quitter ce village par un sentier étroit, peu marqué, qui nous élève franchement sur le causse de Sauveterre que nous allons contourner sur son flanc est. Le Tarn est toujours en contrebas, maintenant sur notre droite. Bien que beaucoup plus technique maintenant, la progression est toujours aisée, la plupart du temps en balcon vallonné Malgré la nuit, nous ressentons les paysages qui vont bientôt se révéler à nos yeux. Nous traversons un incroyable village quasi-troglodyte, St Marcellin,
et ensuite un fantastique cirque car la clarté s’affirme de plus en plus. . Le paysage est forestier et minéral à la fois : Spectaculaire ! Nous nous élevons encore, le peloton s’étire sur le chemin devenu piste et nous débouchons sur St Rome de Dolan, le deuxième ravitaillement de notre périple. Je profite de l’arrêt pour donner ma position à Catherine : le réveil a dû sonner, maintenant……il est 9h00 !
Nous allons quitter rapidement ce premier secteur de la course par une rapide descente sur un sentier qui coupe plusieurs fois la route. En bas, nous traversons Les Vignes, le Tarn et commençons une raide ascension, droit dans la pente, pour atteindre directement le plateau sur le deuxième secteur, le causse Méjean. Nous débouchons sur une petite route où je remets laborieusement en route la machine à courir. Toujours prêt à la fainéantise, je me prépare intérieurement à une longue portion roulante, pour faire la jonction avec le prochain ravito. Nous quittons rapidement la route, serpentons dans quelques prairies, remontons un étrange ravin boisé, pour finalement plonger sèchement sous la falaise où nous allons emprunter un sentier technique en balcon sur plusieurs kilomètres. C’est le tournant de la course. Je me prends un coup derrière la casquette. Je ne dois pas être le seul. Naturellement, les coureurs se sont regroupés en convoi pour faire cette étape groupés. Peu de dépassements se produisent. De temps en temps, on entend un juron, lorsque une racine manque, ou pas, d’envoyer un coureur par terre. Nous repiquons finalement vers le cœur du causse, traversons le village de Cassagne, et plongeons dans la forêt. Comme ça fait drôle d’avancer tout d’un coup ! Place à une séquence touristique avec la traversée des Arcs de St Pierre : des éléments rocheux plantés dans la forêt dont un magnifique portail qui a donné son nom au site. Nous atteignons ensuite La Viale, un petit village où un point d’eau a été ajouté entre 2 ravitos. Ce n’est pas trop tôt, je suis à sec depuis un moment car je ne m’attendais pas à mettre autant de temps sur ce tronçon ! Nous restons encore un peu en terrain dégagé, puis la descente s’amorce dans un secteur boisé, à nouveau roulant. L’épisode du monotrace m’a bien ralenti. Je dois admettre que mon départ a été trop rapide jusqu’à St Rome……..
Après le détour vers St pierre des Tripiers, nous nous enfonçons dans le ravin des Bastides, pour plonger finalement sur Les Douzes où nous traversons la Jonte. Une image fugitive d’un pliant et d’une canne à pêche me titille lorsque je passe dans ce lieu bucolique. Pourtant, le repos n’est pas au menu : Ca remonte illico vers le plateau du causse Noir. Je me plains rarement dans les côtes, c’est ce que j’aime le mieux. Vers le sommet, nous croisons quelques spectateurs. Effectivement, nous arrivons à Veyreau, km 70 environ où je retrouve mes petites femmes que j’ai « un peu » fait attendre…….Je profite de leur présence pour me délester des « encombrants » (vêtements sales, déchets, etc…), je prends un nouveau gps, et repars en forme pour une étape annoncée majoritairement roulante. Il y a bien longtemps que je n’avais pas couru aussi longtemps !
C’est l’occasion de discuter un peu, de penser à mes amis qui sont sur une autre course, au même moment, la fameuse « Diagonale »…..
Nous rallions d’abord St André de Vézines sans aucunes difficultés, puis l’étape de jonction se poursuit jusqu’au Château de Montméjean. Nous sommes arrivés dessus en le surplombant, et ce n’est qu’en se retournant, après l’avoir dépassé, que nous découvrons combien il est « là » imposant pour l’éternité. Nous nous sommes bien reposés ; Ca tombe bien : dure ascension vers les corniches de Rajol, où le décor minéral et surréaliste est annonciateur de Montpellier le Vieux.
Un sentier « artisanal » nous redescend dans le ravin du « riou sec » C’est parait il le chemin le plus direct ; Je doute que ce soit le plus rapide ou le plus roulant. C’est du « Templiers » tout craché ! Nous approchons de La Roque Ste Marguerite km 85, et de la Dourbie que nous longeons sur quelques centaines de mètres, tout en effectuant le tour complet du village. C’est l’avant-dernier ravito. Je trainasse un peu, autant que Catherine me laisse le faire car j’ai l’intuition d’une grosse étape pour rejoindre le toboggan final…….
Pourtant, sur le papier, ça semble tout simple : emprunter en balcon un sentier qui contourne le causse, puis atteint son sommet à son extrémité ouest. Dans la réalité, ça va être beaucoup plus laborieux. Ce n’est jamais très difficile, mais la course est sans arrêt interrompue par le relief tourmenté. Il faut traverser ou remonter plusieurs ravins. Le dernier, le Valat nègre marque notre sortie de la zone. Une très laborieuse ascension sur une trace peu marquée, une forte pente pour atteindre la falaise sommitale, et basculer sur le sommet du causse. Plusieurs fois, je dois me servir de mes bâtons pour garder l’équilibre…..Nous basculons enfin sur le plateau. La nuit est bien noire pour cette seconde nuit ; nous n’avons plus le magnifique ciel étoilé du début de course. La course peut alors reprendre sur le sommet du Causse. Nous traversons d’abord un splendide village rénové : Longuiers et poursuivons notre course nocturne vers le dernier repos à la ferme du Cade. Jamais 15km ne m’ont paru aussi longs : 4h00 !!! cheminant dans des bois inconnus, nous n’avons aucun repère que le gps qui tourne (lentement) et la vision du viaduc illuminé lorsque le chemin se rapproche du bord du causse. Nous débouchons brutalement sur la ferme car il n’y a pas d’éclairage aux alentours. C’est une ferme typique restaurée dans l’état où beaucoup de coureurs arrivent bien mal en point. Même moi, je ne suis pas autorisé à repartir à ma guise : le chef de poste m’impose une ration minimum avant de quitter les lieux ; Je suis trop pâle à son goût (moi, pâle, je rêve !). Nous sommes au centième kilomètre environ, et je reprends ma course dans la forêt. Une course qui s’achève plus vite que je ne le pensais lorsque un panneau annonce la descente finale via la grotte du hibou, et un chiffre magique : « arrivée 4km ». Le terrain est très glissant, mais la descente est ludique et sans danger. Nous ne descendons pas toujours franchement. Nous remontons plusieurs fois sur la droite et atteignons finalement l’incroyable grotte dont nous traversons les quelques salles, en ressortant par une autre porte. Le lieu est intact, quelques aménagements ont été réalisés sur le sol, mais c’est tout propre ! Sans doute parce que c’est inaccessible !!!
La descente se poursuit, encore technique, mais pas très longue. Nous sortons du couvert et Millau est proche. Il n’y a plus qu’à dérouler sur des petits chemins jusqu’à la ligne d’arrivée. Traversée du pont, passage sur les berges du Tarn et me voilà quitte de ce nouveau parcours en 18h30, une arrivée à 22h30.
Je reçois mon lot de finisher, une splendide polaire à « 3 bandes », je récupère mon plateau repas que je décide d’emporter : la journée a été suffisamment longue et nous avons tous hâte d’aller nous coucher. L’endurance trail new look est terminé, il faut reconnaître que c’est du rugueux, ça n’a rien à envier aux courses montagneuses, et tout est là pour devenir un must !
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